Dîner au Manoir de la Régate à Nantes – Mathieu Pérou
Le Manoir de la Régate fait partie de ces belles Maisons de famille qui respire le bonheur et la sérénité. Dans la banlieue de Nantes, la belle bâtisse prend place dans un cadre verdoyant au bord de l’Erdre, romantisme assuré.
En place au piano, Mathieu Pérou qui a pris la succession de son père après son retour d’Australie, et côté salle, c’est sa soeur Anne-Charlotte qui gère en parfaite maîtresse de maison.
Un attachement très fort aux produits de son terroir, une cuisine fraîche et raffinée, des assiettes esthétiques, et une recherche constante de l’Unami, c’est ainsi que l’on peut qualifier la cuisine de Mathieu Pérou. Une étoile au Guide Michelin depuis 2021, une étoile verte et 14/20 au Gault&Millau, une carrière prometteuse pour ce jeune Chef de 29 ans.
La Salle du restaurant est sobre et élégante, un mur végétalisé est en cohérence avec la philosophie de la Maison, on aime cette simplicité et le côté authentique du Manoir de la Régate.
Une Table dans les cuisines pour quelques privilégiés ^^:
Pour les différents Menus, des propositions à 40 € le midi, et 75 / 100 € le soir
Canapés d’accueil pour débuter:
Gougeonnette d’anguille de l’Erdre fumée // Galette saucisse de silure de l’Erdre, mayonnaise Wasabi // Tartelette salsifis, chou-fleur, benoite urbaine // Crackers de curé nantais, pesto de mâche
On est de suite plongé dans l’univers de Mathieu Pérou, le locavore avec des touches voyageuses… tout en finesse.
Pain d’accueil:
Pain feuilleté façon Edouard Nignon (pain feuilleté betterave, noix et graines de coriandre): un bel hommage à ce grand cuisinier nantais du début du XXème siècle. Beurre aux herbes sauvages servi dans une cuillère en bois qui a une belle histoire familiale!
Mise en bouche:
Mousseline de carpe de l’Erdre au shiso et bouillon de queue de boeuf et d’arêtes infusé aux herbes sauvages
Avec l’Erdre toute proche, le Chef a voulu faire un clin d’oeil à ce poisson herbivore très présent dans la rivière et devenu le symbole de la Maison. Avec sa passion de l’Umami, Mathieu a travaillé la carpe avec une purée et une confiture de shiso, et apporte un côté régressif avec le bouillon chaud versé au moment. Extrêmement riche en parfums et en saveurs.
Artichaut de Carquefou/coriandre en texture et poivre de Madagascar
Ici c’est un superbe travail autour de l’artichaut et du poivre que Mathieu a ramené d’un voyage à Madagascar. Une base de terrine d’artichaut au poivre, artichauts en pickles, crème aigrelette au vinaigre de poivre et oeufs de brochets fumés. Une présentation graphique très soignée, un merveilleux équilibre en bouche.
Foie gras, silure de l’Erdre fumé, kombu breton
Le silure est une espèce invasive qui bouleverse l’équilibre car il n’a pas de prédateur. Heureusement les cuisiniers sont là ^^
Le silure est Ikéjimé, garni de silure fumé à l’intérieur, lanières de kombu breton marinées au vinaigre, navet long mariné au vinaigre, confiture de kombu… magnifique.
Petite brioche à côté pour accompagner.
Bouilleture de l’Erdre
La bouilleture est une spécialité très appréciée du Val de Loire, une sorte de matelote mouillée au vin rouge et garnie de champignons. Dans le même esprit, Mathieu Pérou a interprété ce plat, anguille laquée et fumée au bois de hêtre, sauce vin rouge, jaune d’oeuf confit, kombu, farce champignons et lard nantais, crispy de lard, potagère d’herbes sauvages, soubise légèrement acidulée. Un plat puissant avec une belle longueur en bouche, très bien dosé entre la puissance de la sauce et les notes végétales qui rééquilibrent l’ensemble, top.
Mulet en chaud-froid puis confit, beurre blanc nantais, potagère d’herbes sauvages
Mulet confit (38 ° C) en chaud-froité, beurre blanc déstructuré allégé, gribiche sur le dessus, caviar, beurre blanc perlé à l’huile d’herbes sauvages. Toujours autant de précision et de finesse au niveau des goûts, justesse de la cuisson et dosage des saveurs irréprochables.
Plat suivant:
Entre terre et rivière, Brême de l’Erdre, lard nantais et petits pois
Pois gourmands, mousseline de petits pois, jambon, couenne de cochon soufflée.
Une assiette concentrée sur l’essentiel, un bouillon de folie, savoureux, puissant en goût (est-ce l’Umami ? ^^), énorme!
Plat suivant:
Sandre de l’Erdre en cuisson d’argile, asperge de Saint-Julien de Concelle et armoise blanche
Sandre ikéjimé maturé 17 jours puis cuit en croûte d’argile, sauce infusée à l’armoise (plante locale des bords de l’Erdre), morilles, asperge de Saint-Julien de Concelles terminée au bbq japonais, armoise blanche, oseille sauvage.
La chair du poisson est ainsi préservée, juste nacrée, les échanges de saveurs favorisés et concentrés, un plat savamment composé et d’une grande finesse.
Pré dessert:
Céleri, pomme verte du potager, fromage blanc de la pannelière
De la fraîcheur avec ce joli pré dessert. Excellent
Chocolat et violettes sauvages
Belle idée qui met encore à l’honneur la nature environnante en utilisant les violettes sauvages qui poussent naturellement au bord de l’Erdre. La puissance du chocolat et la saveur douce de la violette se conjuguent avec gourmandise, un dessert parfait!
Mignadises:
Une cuisine d’auteur et d’instinct, une passion pour le terroir et l’Umami, des saveurs justes, puissantes et cohérentes… et un service attentionné, avec une simplicité naturelle qui fait qu’on se sent bien.
Le Manoir de la Régate a été un très joli coup de coeur, un bel esprit entre tradition, nature et précision, le lieu parfait pour savourer l’instant présent et se régaler en toute simplicité.
Et la mascotte de l’établissement qui vient nous dire au revoir ^^